De passage à Jaipur cette semaine, il aurait été dommage de ne pas faire un saut à Amber : temples, fort, palais et même puits à degrés, cette bourgade entourée de montagnes, certes un peu délabrée mais classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, a de quoi ravir les visiteurs.

J'y suis donc allé jeudi dernier, sous un soleil écrasant. Le court trajet en auto-rickshaw (le vrai nom du tuk-tuk) vaut déjà le détour. Dès que l'on quitte Jaipur, les montagnes se dessinent, puis se dressent pour de bon, faisant ronfler le moteur. Quant aux descentes, elles font vibrer la carlingue métallique qui, par miracle, ne se disloque pas, et mettent au supplice les freins. Furieux d'être tout à coup sollicités si durement, ceux-ci s'échauffent, fument, crissent - mais tiennent bon, cette fois encore. Enfin, au creux d'une vallée, la ville d'Amber. Tout autour, la crète des montagnes boisées se hérisse d'imposantes murailles qui hésitent entre se cacher dans l'épaisseur de l'air humide (sans doute vicié, aussi) et resplendir sous les rayons du soleil.

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Amber Palace, le joyau local, surplombe légèrement la ville.

Pour y accéder, on longe un petit parc qu'entretiennent patiemment des employées aux outils rudimentaires :

Le palais, véritable ville à lui seul, se compose de nombreuses cours, d'innombrables corridors et escaliers, de multiples niches et alcôves : un vrai labyrinthe. Il comporte même un hammam, ainsi qu'un système de ventilation pour que les femmes, dans leur zone de cantonnement, bénéficient tout de même d'un air mécaniquement rafraîchi et parfumé de senteurs fleuries ! C'est toutefois le Jai Mandir et son Diwan-i-Khas (hall des audiences privées) qui a vraiment su retenir mon attention. Ce "petit" bâtiment au cœur du palais est couvert de peintures, de verre coloré et de miroirs formant des motifs géométriques et floraux de toute beauté. Vraiment élégant.

Après avoir fouiné dans tous les recoins du complexe, il ne me restait plus qu'à découvrir le tunnel, sorte de passage secret, qui relie Amber Palace à Jaigarth Fort. D'abord, un escalier s'enfonce à l'arrière du palais, invisible entre les fortifications et la pente de la montagne, puis débouche entre deux très hauts murs : un éléphant y passerait totalement inaperçu. Ca y est, on est au cœur de la muraille ; en cas de siège, le maharaja, sa suite et son armée peuvent monter se réfugier au fort de Jaigarth sans que personne ne remarque la manœuvre.

Le fort, dernier recours en cas d'attaque, domine complètement la zone puisqu'il a prise sur toute la crète de ce pic-ci. Et de fait, quelle vue ! Je n'ai pas résisté au plaisir de quelques photos panoramiques pour immortaliser la magnificence du lieu. Ci-dessous, vue sur Amber Palace depuis le fort.

Immense et complexe, Jaigarth Fort n'est pas très bien mis en valeur, mais on y découvre tout de même quelques curiosités telles qu'une fonderie à canons et un jardin dont les tourelles et les arches s'élèvent au-dessus du vide. Une puissante sensation de sérénité, de liberté, se dégage de ce havre de verdure niché au plus près des nues (enfin, s'il y en avait !).

Il a bien fallu cependant redescendre du divin perchoir. Avant de prendre un bus retour (quand même dix fois moins cher que le tuk-tuk), j'ai fait un petit tour dans la ville, où j'ai d'abord découvert, entre autres ruines, un abominable puits à degrés : laid, sale, aux eaux croupies... de quoi détruire une passion naissante pour ce type de construction. J'ai ensuite aperçu un très charmant temple jaïn ; accueilli par une volée de marches (on n'est plus à ça près), le visiteur passe sous un portique flanqué de deux éléphants ; et là commence l'orgie de sculptures, avec des frises animalières qui font tout le tour du temple, ainsi que différents bas et hauts reliefs représentant des scènes de musique et de danse par exemple. Malgré la taille relativement modeste du bâtiment, difficile de savoir où donner de l'oeil ou de l'obturateur !

Je vous laisse compléter la visite en flânant, si le cœur vous en dit, dans les galeries photo : Amber Palace, Jaigarth Fort, et la ville même d'Amber.