• La fureur du dragon

    Non, je ne vous parlerai ni cinéma ni Covid-19, promis, juste d'une course-poursuite bien réelle.

    Jusqu'à hier, je séjournais dans la ville de Hue, au centre du Vietnam. Par mesure de précaution, tous les sites touristiques majeurs avaient fermé pile poil à mon arrivée, notamment la citadelle (du genre de la Cité interdite de Pékin) et les tombeaux royaux/impériaux. Pendant trois jours, j'ai donc marché dans la ville, loué un scoot' pour passer une journée à la plage, et loué un vélo pour faire un peu d'exercice et visiter quelques lieux éloignés de mon auberge. Parmi les rares sites (partiellement) ouverts, beaucoup de pagodes, dont celle de Thien Mu, aussi nommée Pagode de la dame Céleste, qui s'élève au-dessus de la Rivière des parfums : pas mal, d'un point de vue toponymique, non ? En voici quelques images :

    Thien Mu - tour

    Thien Mu - gardien

     

     

    Thien Mu - sculpture

    Thien Mu - bonsaï

    Vous remarquerez l'énorme influence chinoise et, dans une moindre mesure, l'influence japonaise, dans le style architectural, sculptural et ornemental vietnamien. Un mélange intéressant et qui s'explique notamment par le fait que plusieurs des ethnies principales du pays proviennent historiquement du sud de la Chine. Le Japon, par ailleurs, a fait beaucoup de commerce naval sur les côtes vietnamiennes.

     

    Bon, et la fureur du dragon alors ? Cette course-poursuite ? L'événement s'est déroulé au parc aquatique abandonné qui se trouve à l'ouest de l'agglomération. En fait de parc, il ne reste qu'une immense structure en forme de dragon, qui s'élève au-dessus des eaux d'un petit lac. Bien qu'endommagée par le temps et par des visiteurs peu respectueux, on peut encore se frayer un passage dans ses escaliers parmi les bris de vitre et la poussière.

    abandoned water park

    Avant d'arriver au bord du lac, il faut garer son véhicule près d'une barrière où, comme par hasard, des Vietnamiens attendent et affirment qu'il faudra payer un petit quelque chose pour la garde dudit véhicule : pratique illégale mais ultra courante dans le pays. On n'a pas vraiment d'autre choix que de payer, dans ces cas-là. Ensuite, de gros panneaux indiquent que le site est fermé, qu'il est interdit de passer, etc., ce qui est logique puisque le site est abandonné. Mais tout le monde ici, locaux comme touristes, vient s'y balader, d'autant que les lieux ne représentent absolument aucun danger. Je m'engage donc sur les sentiers, au milieu de la forêt. Soudain, un type en moto et uniforme déboule, commence à m'insulter en anglais et me dit, en gros, de foutre le camp. Je lui réponds calmement que j'ai payé pour le parking, qu'on m'a dit que je pouvais donc entrer, et je lui rappelle que j'ai vu plusieurs personnes prendre ce chemin devant moi, auxquelles il n'a visiblement pas barré la route. Pluie d'insultes de nouveau, attitude menaçante. A ce stade, je me demande s'il s'agit de racisme (les personnes passées avant moi étaient visiblement vietnamiennes) ou si j'ai juste "pas de bol", et qu'il vient d'arriver pour mettre de l'ordre ici. Déçu et agacé, je me décide tout de même à obtempérer et à rebrousser chemin.

     

    Un groupe de deux Occidentales et un Asiatique arrive alors, je les préviens, ils tentent leur chance en disant qu'il suffit sans doute de graisser la patte au "flic". Celui-ci les rattrape quelques dizaines de mètres plus loin et les houspille. Puis il reprend sa route en les laissant passer. Compris, c'est bien de la corruption. D'autant plus irrité que j'aurais préféré que le type me dise ouvertement "c'est 20000 dongs pour passer" plutôt que de m'insulter, je décide donc d'attendre que le bruit de la moto s'estompe dans le lointain (il faisait une boucle) pour subrepticement me glisser jusqu'au lac et grimper dans le dragon. Premier escalier, pas de souci. Je redescends et commence à monter le grand escalier qui mène à la gueule de l'animal. Là, bruit de moto, hauts cris : il est revenu, il m'a aperçu, il sait que je n'ai pas payé et ne compte pas me laisser m'en tirer à si bon compte. Il met les gaz, débarque jusque sur le ponton avec sa moto, s'engouffre dans l'escalier. J'avais juste eu le temps de regarder par quel côté il rentrait - l'escalier se divisant en deux - pour me glisser derrière un mur, le laisser monter les marches quatre à quatre, pendant que je les descendais plus vite encore et me sauvais en direction des bois. Hurlements, reprise des vrombissements de la moto, je me planque dans les fourrés, il passe tout droit.

     

    Ouf ! Vrai flic ou pas, je n'avais pas très envie d'avoir des problèmes, les types du parking étant plutôt susceptibles, à mon avis, de prendre son parti que le mien, et les visiteurs n'ayant pas leur mot à dire puisque étrangers et illégalement présents sur les lieux. Une mauvaise expérience qui m'a donné un bon coup d'adrénaline, aussi stupide que cela puisse paraître, mais qui donne de la valeur aux rares pĥotos que j'ai pu faire ce jour-là ! Another little big adventure of mine.

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  • Commentaires

    1
    Dany et CLaude
    Mercredi 18 Mars 2020 à 19:46

    Il vaut peut-être mieux s'ennuyer ? Enfin, tout est bien qui finit bien. Bises

    2
    Sabine c
    Jeudi 19 Mars 2020 à 02:19
    Nous sommes à Québec,
    Livia y vit depuis août dernier.
    Tout est fermé, mais pas de confinement..alors vive les raquettes!!
    Bise de nous 3.
      • Jeudi 19 Mars 2020 à 02:41

        Ah ! Voilà une saine activité pour se changer les idées en famille, c'est top ! Amusez-vous bien. "Big up" à Livia pour cette expatriation : au-delà de l'épisode étrange que nous traversons actuellement, je suis persuadé que vivre à l'étranger, longtemps ou pas, lui apportera bien plus que des souvenirs. On n'en revient pas tout à fait indemne, et tant mieux ! Bises

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