Contrairement à la chanson de Sanson, ce n'est pas d'eau de pluie que je veux parler - il fait beau et chaud ici - mais de l'eau du Mékong et des cascades de Kuang Si, au Laos.

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Je suis passé de Thaïlande au Laos il y a quelques jours : une frontière de plus (ou de moins ?). Pour rallier Luang Prabang, deuxième plus grande ville du pays avec seulement 60.000 habitants, j'ai signé pour une croisière de deux jours en bateau lent sur le Mékong. Un peu trop lent peut-être ! Ou un trajet trop long, plutôt. Ceci dit, découvrir les paysages laotiens qui se dévoilent au fil des méandres de "la mère de tous les fleuves" - le Mékong - est une belle entrée en matière. Les montagnes se superposent en un nombre de couches parfois étonnant : une crète se dessine, puis le flanc de cette montagne se perd dans le bleu vert d'un autre coteau, qui lui-même se fait dépasser par de nouveaux sommets plus flous et brumeux chaque fois...

Sur les rives, des bestiaux en goguette, des gamins à moitié nus qui jouent dans le sable et les cailloux, puis quelques adultes avec des tamis d'orpailleurs... ou quelque chose qui y ressemble fort. Parfois, un carré de jardin, délimité ou non, s'invite au milieu d'une dune de sable. A d'autres moments, la rive droite n'est plus que jungle dense. Plus rarement, des falaises abruptes étalent leurs parois grises et arides, creusées de petites grottes en surplomb de l'eau.

Sur le fleuve, quelques barques de pêcheurs, motorisées et peintes en vert pour la plupart. Les filets sont patiemment relevés, repliés, relancés. Quelques objets de plastique flottent çà et là, s'imposant comme déchets à nos yeux éco-conscients, avant que leur immobilité ne nous interpelle et ne nous fasse comprendre qu'il s'agit de récupération ; les vieilles bouteilles sont lestées au plus court, d'où leur immobilité, et elles marquent probablement les zones où les récifs affleurent. Il faut dire que le fleuve n'est pas encore très profond, bien que loin déjà de sa source (dans la province de Qinghai en Chine), mais pas encore chargé de tous les affluents qui le grossissent avant qu'il ne se jette en Mer de Chine (au sud d'Ho Chi Minh Ville, au Viêtnam).

Nous sommes arrivés à Luang Prabang après deux jours de voyage entrecoupés d'une escale nocturne à Pak Beng, petit village perdu au milieu de nulle part, où ont fleuri les guest houses, les restaurants et les stands de boulangerie-pâtisserie, souvenirs d'un passé colonial sur lequel nos livres d'histoire ont bien souvent fait l'impasse. C'est à Pak Beng que j'ai vu le plus gros croissant de ma vie : un monstre de la taille d'une pizza, présenté déroulé avec les coins repliés vers l'intérieur. Je ne peux pas dire si le goût vaut celui d'une viennoiserie de chez nous, je n'ai pas testé, mais l'aspect donnait envie ! Pour rester dans le thème de l'article, disons que j'en avais l'eau à la bouche.

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Ce matin j'ai loué un scooter afin d'arriver aux cascades de Kuang Si, à une trentaine de bornes de Luang Prabang, avant la masse des touristes, dans l'espoir de pouvoir prendre des photos tranquillement. Il y avait malheureusement déjà quelques lève-tôt sur place, tant pis. Cela ne m'a pas empêché d'apprécier la beauté et le calme de ce cadre magnifique. La cascade principale n'est ni très haute, ni directe, ce qui explique l'absence de gros bouillon et, contrecoup agréable, l'absence de bruit.

Puis la source remplit une poignée de bassins de son eau transparente, légèrement bleutée, vision splendide de simplicité. Certains bassins sont baignables, mais j'en connais quelques-uns parmi vous qui n'y entreraient pas plus que le gros orteil ! Je n'ai aucune idée de l'altitude, qui ne doit pas être extrêmement élevée, néanmoins il s'agit d'une source de montagne qui coule au milieu de la végétation, donc à l'ombre principalement : fraîcheur assurée ! J'avoue humblement que la sécurité de mes affaires, laissées parmi les nombreux touristes entretemps massés là, n'est pas la seule raison pour laquelle je n'ai pas fait de vieilles eaux dans le bassin !

Je vous quitte avant que les jeux de mots n'empirent... Je reviendrai prochainement sans doute sur mon séjour à Luang Prabang, puisque je compte m'y prélasser encore un peu. En attendant, vous pouvez visiter la petite galerie Mékong et la galerie Kuang Si, où vous rencontrerez quelques ours arrachés aux mains des braconniers. Une asso les loge près de la cascade, profitant ainsi de l'affluence touristique pour sensibiliser les gens au sort des plantigrades.