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    1754-1810 : voilà la longueur, en kilomètres et selon les sources (!), de la frontière entre la Thaïlande et le Laos. Une frontière presque entièrement matérialisée par le Mékong.

    Au moins ce genre de frontière a-t-il géographiquement plus de sens que la découpe à l'équerre, sur une carte, du continent africain. Et pourtant, les deux rives du Mékong séparent-elles deux "terroirs" distincts ? Je suis tenté de répondre que non, à première vue. La photo ci-dessous manque de hauteur, de profondeur de champ, et même de netteté pour confirmer ou infirmer cette impression, mais vous conviendrez qu'il est difficile de savoir si elle est prise depuis Vientiane ou depuis la ville thaïlandaise d'en face. Ce n'est pas comme si des falaises abruptes s'élevaient d'un côté et que de l'autre s'étendait une plaine.

    frontière

    (cliquez pour agrandir)

    Quelle drôle de situation, quand on y pense, que cette capitale frontalière : la Thaïlande n'aurait pas beaucoup d'efforts à fournir, en cas de guerre, pour annihiler toute l'administration centrale du Laos... Les deux pays ont aujourd'hui de bons rapports de voisinage, certes, mais n'oublions pas que cela reste récent : la répartition des territoires effectuée en 1907 par les Français (colonisateurs du Laos) et les Siamois (actuels Thaïlandais) a résulté en un conflit armé à la fin des années... 1980 ! C'était hier. Un millier de morts en moins de trois mois, pour ne rien changer au final, encore un beau gâchis. Cinq ans plus tard, en 1994, était inauguré le premier pont-frontière entre les ex-belligérants, qui lui donnèrent le joli nom de "pont de l'amitié lao-thaïlandaise". Le même nom conjurateur de sort a été donné aux trois autres ponts construits depuis, dont celui (le dernier en date) que j'ai emprunté cette année.

    ***

    Fait amusant : toutes les îles du Mékong appartiennent au Laos, la Thaïlande n'en possède aucune. Pourquoi ? J'imagine que certaines sont éphémères, leurs contours sablonneux bousculés par le courant, donc difficilement attribuables. Mais en plein décor karstique, il y a plus de roches que de bancs de sable, l'explication n'est donc pas satisfaisante. Le niveau des eaux varie sans doute beaucoup entre saison des pluies et saison sèche, engloutissant nombre d'îlots. Mais cela ne change rien au fait qu'ils appartiennent à l'un ou à l'autre des pays voisins. En l'état, mes maigres recherches sur Internet ne donnent rien : j'imagine qu'il s'agit, là encore, d'une pure convention pour se simplifier la vie, ces îles ne représentant a priori aucun intérêt stratégique ou économique, contrairement aux deux zones forestières qui ont donné lieu à la "guerre des collines" que j'évoquais il y a un instant. Si quelqu'un peut m'éclairer davantage sur cette question de l'attribution totale des îles frontalières au Laos, je suis preneur !

     

    Pour finir sur une touche plus légère, je remarque que la tranquille Vientiane profite de l'île qui la sépare de la Thaïlande pour y faire courir des chevaux et y faire boire, manger et danser les badauds qui s'éloignent un instant des allées du long marché nocturne installé sur le "continent" : les désordres de 1987-88 semblent loin, finalement, quand la frontière est un lieu de vie.

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  • Commentaires

    1
    Regis
    Mardi 4 Février 2020 à 23:05
    Hello en regardant la carte laos Cambodge je voyais le Cambodge plus grand comme quoi et ce mekong traverse le Cambodge du coup et le Laos a quand même 4000 îles impressionnant certaines doivent être minuscules comme un banc de sable mon maigre cours de géo est terminé mais on apprend certaines choses c est bien
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