• Lectures

    Voici la liste, brièvement commentée, des bouquins que je lis pendant le voyage. Les titres en bleu sont ceux qui ont un rapport direct avec les pays visités. 

     

    • Poèmes d'Arthur Rimbaud : en cours de lecture
    • La mégère apprivoisée de William Shakespeare : en cours de lecture
    • Histoire des voyages de Scarmentado de Voltaire : le personnage-narrateur de cette nouvelle voyage à travers le monde au XVIIe siècle et relate la "grandeur" des différents régimes politiques et religieux qui, tous sans exception, aboutissent aux pires exactions.
    • Cet étrange phénomène de la vie psychique humaine de Sigmund Freud : dans cet article, Freud traite  du complexe de castration et de ses manifestations/évolutions différentes chez l'homme et chez la femme. Il réaffirme à cette occasion l'idée que le refoulement et ses différentes conséquences ne peut s'expliquer, selon lui, que sur des bases psychologiques, et non purement biologiques. Je me demande ce qu'il entend par "effets nocifs" dans le passage suivant : Chez la femme, "le désir insatisfait [de posséder un pénis] doit se muer en désir de l'enfant et de l'homme possesseur du pénis. Mais, trop souvent, nous constatons que le désir de virilité est resté présent dans l'inconscient et déploie, à partir du refoulement, ses effets nocifs."
    • Discours d'ouverture du Congrès littéraire international de 1878 de Victor Hugo : quelle verve ! Le discours allie les grandes espérances d'un peuple en quête de liberté et les hautes valeurs dont se targue l'intelligentsia internationale assemblée devant le grand Hugo... S'il flatte l'utilité et la supériorité des littérateurs, il n'oublie pas de rendre au petit peuple sa part de lumière. Le Congrès se réunissait notamment pour aborder un point de droit : la propriété littéraire ; il semble avec ce discours que la question soit pliée avant même d'être discutée, l'orateur tranchant déjà sur la double nécessité de donner aux auteurs la propriété légale de leurs oeuvres, et de prévoir les modalités selon lesquelles celles-ci tomberont dans le domaine public : étonnant qu'on ne nous en ait pas parlé plus précisément en Master II métiers du livre...    
    • La dame aux camélias d'Alexandre Dumas (fils) : récit enchâssé dont la structure permet de relancer plusieurs fois la dynamique. Une très jeune "femme entretenue" parisienne vient de mourir. Le narrateur, qui l'avait déjà croisée dans les soirées mondaines, au théâtre, etc., l'apprend lors du vide-appartement organisé pour rembourser les dettes de la jeune femme. Il acquiert dans cette vente aux enchères une copie de Manon Lescaut dédicacée à la défunte par un amant, qui ne tarde pas à se manifester pour récupérer l'ouvrage. Se liant d'amitié avec le narrateur, il lui raconte leur tragique histoire d'amour rendue impossible non seulement par les conventions sociales, mais aussi par les nécessités pécuniaires. Le récent passé de Marguerite, qui a cherché l'oubli de sa situation dans les dépenses les plus somptuaires, la rattrape malgré sa conversion à un style de vie radicalement différent. Alexandre Dumas donne un semblant de suite logique, de fatalité tragique à la rapide déchéance de l'ancienne prostituée de luxe, insistant sur les liens qui la retiennent dans un monde qu'elle a pourtant sincèrement renié, ainsi que sur l'incapacité de l'amour à vaincre les réticences d'une morale de classe qui, elle, dépasse l'individu. Au-delà du portrait de cette nouvelle Manon Lescaut, c'est celui d'hommes en demi-teintes, enpreints de sentiments variés et complexes, que brosse l'auteur : ça change des "nobles coeurs" du XVIIe siècle ou des archétypes du réalisme de Zola et consorts. Zola qui dira de lui, en 1876 : "Je n'aime guère le talent de M. Alexandre Dumas fils. C'est un écrivain extrêmement surfait, de style médiocre et de conception rapetissée par les plus étranges théories. J'estime que la postérité lui sera dure." Sympa, Emile !
    • Les affinités électives de Johann Wolfgang von Goethe : en attente de chronique
    • Clair de lune de Guy de Maupassant : excellent recueil de nouvelles. Efficaces, grinçantes.
    • Une fantaisie du docteur Ox de Jules Verne : en attente de chronique
    • Ce que dissimule une excessive économie de Sigmund Freud : en attente de chronique
    • Les Pélican de Raymond Radiguet : en attente de chronique 
    • La philosophie dans le boudoir du marquis de Sade : en attente de chronique
    • Les quatre accords toltèques de Don Miguel Ruiz : bouquin de développement personnel/spirituel aperçu des dizaines de fois dans les points d'échanges de livres des auberges de jeunesse : j'ai donc fini par le lire. En résumé : débarrassez-vous des pensées négatives, qu'elles viennent de votre éducation, de la société, de vous-même, et soyez libre ; n'utilisez pas votre pensée et votre parole pour faire du mal aux autres et encore moins à vous-même (accord n° 1 : "que votre parole soit impeccable") ; libérez-vous du regard des autres et vivez dans votre propre bulle d'auto-satisfaction (accord n° 2 : "quoi qu'il arrive, n'en faites pas une affaire personnelle") ; demandez autant d'éclaircissements que nécessaire en toute situation afin de prendre des décisions en connaissance de cause (accord n° 3 : "ne faites pas de suppositions") ; accord n° 4 : "faites toujours de votre mieux". Après lecture, on ne sait pas vraiment mieux comment mettre en pratique ces jolis conseils, mais bon... ça ne fait pas de mal de se rappeler qu'on peut essayer d'améliorer son sort en changeant de point de vue, je suppose.
    • Chez les fous d'Albert Londres : témoignage des immersions que le journaliste a pu faire dans les différents lieux d'internement en France. Souvent assez drôle, grâce aux frasques et aux inepties des "aliénés" mais aussi à l'ironie que l'auteur instille pour dédramatiser certaines scènes et montrer l'absurdité du traitement qui leur était réservé en ce début de XXe siècle. Fort de multiples exemples d'erreurs de diagnostic, d'abus de pouvoir, d'inutilité voire d'inhumanité des soins proposés, etc., le témoignage mue peu à peu en un véritable plaidoyer : contre la toute-puissance accordée aux médecins par la loi de 1838 d'une part, et contre les méthodes de "soin" archaïques, inefficaces, visant plus à neutraliser et isoler le "fou" qu'à le soigner, d'autre part. 
    • Notre futur de Georges Feydeau : saynète de moeurs ; madame de Tréville promet à sa jeune cousine d'apporter son soutien à ses tout nouveaux projets de mariage, jusqu'à ce qu'elle réalise que son prétendant est celui qu'elle-même avait en vue... Finalement, elles apprennent qu'il se marie à une autre : évolution des sentiments et des discours.
    • Dormez, je le veux ! de Georges Feydeau : courte pièce dans laquelle un mauvais valet abuse de son maître par une puissante hypnose. Lorsque le maître reçoit sa promise et son futur beau-père, le valet se met en tête  d'empêcher cette union. La pièce est amusante, en elle-même mais aussi dans ce qu'elle révèle du fantasme général sur l'hypnose et ses pouvoirs. Adaptée pour des collégiens (étude et mise en scène).
    • Les chants de Maldoror du comte de Lautréamont : lecture abandonnée à 15 %... Trop perché pour moi.
    • La machine à assassiner de Gaston Leroux : suite et fin de La poupée sanglante. Quelques rebondissements bien vus. Aussi bien que le tome précédent. De façon amusante, on retrouve des thèmes et références du Juif errant, lu en début de voyage.
    • La poupée sanglante de Gaston Leroux : entre Frankenstein, les contes de vampires et Dr Jekyll et Mr Hyde. Première partie réussie d'un roman en deux volumes.
    • Sur le plus général des rabaissements de la vie amoureuse de Sigmund Freud : en attente de chronique
    • Sylvie de Gérard de Nerval : nouvelle en diachronie qui passe d'une époque à l'autre avec subtilité. Ecriture très "serrée" malgré des descriptions géographiques assez développées. A relire peut-être un jour où je serai moins fatigué pour mieux en apprécier la richesse et le message.
    • Les désenchantées de Pierre Loti : l'histoire d'un romancier célèbre, représentant diplomatique et amoureux dela Turquie. Trois admiratrices locales vont lui donner la possibilité de (voir le forcer à) écrire un nouveau livre qui décrira la condition de leur génération, coincée entre les vieilles traditions turques et le souffle nouveau venu de l'Occident, qui les libère, certes, mais trop partiellement pour qu'elles puissent en profiter. Le tout sur fond d'histoire d'amour ancienne à laquelle le personnage doit rendre un dernier hommage. Loti rend Istanbul réelle, tangible, même aux yeux de celui qui n'y est jamais allé. Le propos du livre, qui date du début XXe s., semble terriblement actuel en 2020.
    • Buddhism and Human Rights (Theravada Buddhist Perception) de D. P. Dhammikamuni : décevant. En gros, l'auteur explique ce que sont les Droits de l'Homme, leurs origines, puis se contente d'asséner, sans rien prouver, que le bouddhisme intègre l'essence même de ces droits et permet d'aller plus loin : non seulement le bouddhiste accepte ces droits et entend les défendre, mais il cherche aussi à les défendre pour les autres, dans la recherche du bien humain universel... Un peu court, jeune homme ! On dirait, à lire ce livre, que tous les bouddhistes suivent le Dhamma (ou Dharma, le "bon chemin" en quelque sorte) alors que les autres sont à l'évidence viciés, incapables de respecter leurs propres préceptes philosophiques, moraux ou religieux. Bref, un parti pris parfois agaçant et qui dessert l'intention originelle.
    • Le livre des mères et des enfants, tome 1 de Marceline Desbordes-Valmore : mélange en prose et en vers de courts récits édifiants, contes et fables, à destination des enfants. On retrouve parfois dans le style un peu de La Fontaine et de la comtesse de Ségur. Sans surprise, les thèmes privilégiés sont la morale, la bonté divine et l'amour maternel. Ce recueil met en évidence les conséquences des mauvaises actions : sur leurs victimes directes, tout dabord, afin d'en montrer l'injustice et faire naître la compassion ; sur la mère aimante attristée, parfois honteuse des errements de son enfant ; enfin, sur le malfaiteur lui-même, qui se retrouve tantôt isolé, tantôt pris à son propre piège, toujours perdant lorsqu'il s'obstine dans le mal. Rien de bien nouveau, donc, mais un style à part et une évidente bienveillance éducative qui vise plus à corriger, à faire comprendre, qu'à punir et à venger.
    • Les lapsus de Sigmund Freud : enfonce des portes ouvertes (en tout cas pour le lecteur du XXIe siècle mais... peut-être lui doit-on en partie notre compréhension du phénomène ?). Se réfère aux travaux d'autres chercheurs sans y apporter grand chose de nouveau.
    • Le docteur Pascal d'Emile Zola : lecture abandonnée : il s'agit du dernier tome des Rougon-Macquart, et toute une partie du bouquin est un récapitulatif incompréhensible des tomes que je n'ai pas lus, pour la plupart...
    • Infernaliana de Charles Nodier : recueil de contes et chroniques sur le thème des revenants. C'est marrant de voir à quel point, au XIXe siècle, il était encore acceptable de publier des récits sans trame, sans chute, sans rien à prouver... mais, soyons honnête, avec un succès très inégal.
    • Poil de Carotte de Jules Renard : boooof ! 
    • La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette : en attente de chronique
    • Mon frère Yves de Pierre Loti : l'histoire de ces marins restera "en attente de chronique" ; mais quelle écriture ! D'une rare fluidité, d'une apparente extrême simplicité, et profondément touchante. Est-ce le récit à la première personne ? le danger qui rôde autour de ce "frère" ? la solitude des landes bretonnes, celle des marins et des familles longtemps séparées ? l'amour polyforme, fraternel, paternel, qui unit ces deux hommes ? Est-ce encore la marque d'une certaine fatalité laissée par la "chanson douce" de Leïla Slimani, lue juste avant ? Toujours est-il que ces frères, Pierre et Yves (allô Freud) me laissent dans un drôle d'état... Ému, avec la sensation qu'on est venu remuer des peines et des espoirs volontairement endormis.
    • Chanson douce de Leïla Slimani : voir l'article Et ça tourne, et ça tourne
    • Ramayana (mythologie indienne) : en attente de chronique
    • Travail d'Emile Zola : en attente de chronique
    • Fécondité d'Emile Zola : en attente de chronique,
    • Gandhi (une biographie pour enfants et débutants) : intéressant ; m'a permis de me rendre compte à quel point j'ignorais tout de lui et de ses combats sinon la notion de non-violence… Peut-être écrirai-je un article détaillé sur ce bouquin.
    • La Case de l'oncle Tom d'Harriet Beecher Stowe : intéressant et plus perturbant que je n'aurais pensé, notamment sur la question spirituelle de la limite entre faire le bien et s'abstenir de faire du mal... Bref, sur la question de la responsabilité individuelle. Plaidoyer contre l'esclavage sous toutes ses formes ; l'auteur décrit une situation complexe, en demi-teintes dans le Sud comme dans les Etats du Nord.
    • Après la pluie, le beau temps de la Comtesse de Ségur : sympathique pour la langue et l'ingénuité reposante ; présenté par l'auteure comme son adieu à l'écriture. On retrouve tous les ingrédients moraux (sans être aussi directement moralisateurs) que dans ses autres oeuvres. La méchanceté gratuite, l'injustice, la lâcheté luttent contre la pureté, l'innocence, la bonté. Mais qui va bien pouvoir gagner le combat ? Énorme suspense ;-)
    • Qui sait ? de Guy de Maupassant : nouvelle fantastique et légèrement cruelle, comme on les aime chez l'auteur du Horla.
    • Le Juif errant d'Eugène Sue (tome 1) : excellent ! Une histoire qui étend ses ramifications de la France à Java en passant par l'Inde, avec en toile de fond un héritage mystérieux décidé 150 ans auparavant. Les descriptions, peut-être un poil nombreuses à mon goût, sont généralement très élaborées, vivantes, et le style général est riche et enlevé. Malgré quelques scories propres à l'édition par feuilletons, si typique de cette époque, je recommande ! La préface, qui retrace la vie d'Eugène Sue, est très intéressante également. On comprend en lisant le livre pourquoi, aux dires du préfaceur, l'auteur fut considéré comme un chantre du socialisme (au sens si noble du terme...)
    • La Bourse d'Honoré de Balzac : rencontre entre un jeune peintre de talent et ses voisines d'atelier, une vieille dame et une jolie jeune femme dont il ne tarde pas à tomber amoureux. Mais mérite-t-elle sa confiance ? Sa probité semble devoir faire ses preuves. Balzac livre ici une nouvelle à chute axée sur les doutes qui assaillent l'esprit du personnage principal. Le décor de ce quasi-huis-clos fait penser à la veine du clair-obscur pictural, et crée une ambiance sinon pesante, du moins intrigante.
    • Rosalie Prudent de Guy de Maupassant : y a-t-il, dans cette très courte nouvelle, une volonté de dépeindre la misère d'une femme exploitée ? Je n'en suis pas certain, j'ai davantage l'impression que le père Guy se complaît dans le morbide.
    • L'attaque du moulin d'Émile Zola : court et prenant. L'ennemi arrive aux abords du moulin alors que deux jeunes âmes pures doivent célébrer leur mariage. Les personnages sont crédibles, l'écriture est limpide, on se prend à réellement imaginer le théâtre des opérations. Sympathique lecture, en somme.
    • Testament de Victor Hugo : sans intérêt
    • La pipe d'opium de Théophile Gautier : nouvelle réaliste sous de faux airs fantastiques. Le narrateur prend de l'opium, s'endort et fait de drôles de rêves. Fin un peu décevante : la surprise réside dans sa propre absence, Gautier nous ayant habitués aux chutes et à la subsistance du doute.