J’ai visité deux musées archéologiques au Cambodge : le musée provincial de Battambang et le musée national de Phnom Penh. Voici en quinze images le florilège que je vous ai concocté.

Si les Khmers étaient au départ animistes, ils ont adopté peu à peu le brahmanisme (= hindouisme centré sur les trois dieux principaux : Shiva, Vishnu et Brahma) puis le bouddhisme, qui devint religion d’état au XIIe siècle (période de construction d’Angkor Thom). Pour commencer la visite, marchons dans les pas de Shiva et de Bouddha :

Pour ne pas trop nous fatiguer, empruntons un instant les montures divines :

Ci-dessus, Nandin, le taureau placide de Shiva, qui ne semble pas le moins du monde affecté des extravagances de son maître, qui n’est autre, tout de même, que le dieu de la destruction (et il ne détruit pas que des démons : régulièrement, il se fait plaisir en détruisant l’univers.)

Ci-dessous, Garuda, dont j’ai déjà eu je crois l’occasion de vous parler, et qui est la monture de Vishnu, le dieu protecteur de l’univers (à qui Shiva donne donc du fil à retordre). Le détail qui m’a interpellé dans cette sculpture, c’est le fait que les bras de Garuda se terminent par des nagas, les serpents à têtes multiples, qui servent souvent de balustrade à l’entrée des temples et sur lesquels on trouve souvent Bouddha assis (assis sur le corps du serpent, protégé par les têtes).

Puisqu’on en est à Vishnu, et que c’est le dieu hindou le plus représenté au Cambodge, en voici deux autres sculptures, la seconde étant un bronze de toute beauté datant du XIe siècle, et rapporté depuis les ruines du temple de Western Mebon (site d'Angkor), qui représente le dieu aux quatre bras dans une posture nonchalante :

Attention à ne pas confondre Vishnu avec Lokeshvara (ou Avalokitesvara), seigneur de la compassion dans le bouddhisme. Lui aussi possède habituellement quatre bras - mais il peut être représenté avec deux seulement, comme ci-dessous, ou être décrit comme en ayant mille ! Pour les différencier : Vishnu tient dans ses mains une conque, une massue, une roue et une balle, alors que Lokeshvara tient une fleur de lotus, un chapelet, un livre et un ballon.

Les sculpteurs s’amusent à semer notre route d’embuches et de trompe-l’oeil : pourquoi le Ganesh ci-dessous a-t-il quatre bras lui aussi ? J’imagine qu’il y a une explication, mais il faudrait un vrai guide pour cela…

Un guide pour nous, et un médecin/vétérinaire pour ce pauvre Ganesh, qui ne semble pas dans son assiette ici (enrhumé de la trompe ?) :

Si Ganesh a un corps d’homme et une tête d’éléphant, voici son pendant équin avec Vajimukha. Ne m’en demandez pas plus sur lui, je le découvre juste, mais j’ai particulièrement apprécié le grain et la brillance de la pierre dans laquelle il est sculpté :

Notre visite s’achève bientôt. Avant de quitter le domaine du divin, je vous laisse vous recueillir un instant avec cet adorateur - non, ce n’est pas un bouddha, malgré la coiffe semblable ; regardez la position des mains et des pieds, il n’y a aucun doute possible :

Nous finissons sur un peu d’insolite, avec tout d’abord un vase à la forme générale et aux motifs étranges (mais si beaux !) ; puis vous verrez un fil à tracer de charpentier (avec le dévidoir/enrouleur dans la gueule d’un animal) ; enfin, à en croire les informations données par le musée, ce n’est rien moins que la première représentation connue au monde du chiffre zéro que vous découvrirez :

Pour isoler les signes marquant le zéro, un peu d'aide :

Pour davantage de sculptures (et leurs notices), je vous propose de revisiter les galeries Battambang et Phnom Penh. A suivre : un peu de mer turquoise, de sable blanc et de ciel bleu. A bientôt !