L'une des spécialités d'Udaipur est la réalisation de miniatures : sculptures, mais surtout peintures. Les sources d'inspiration sont principalement le City Palace (le principal monument local), les grandes villes du Rajasthan (Jodhpur, Jaisalmer, Jaipur en plus d'Udaipur) et les animaux.

On trouve assez facilement dans les rues des sculpteurs de pierre (je pencherais pour du tuffeau, vu la tendreté évidente du matériau, mais je ne me suis pas renseigné davantage). Par ailleurs, si l’on veut bien donner foi aux enseignes et panneaux qui jonchent toute la partie touristique de la ville, celle-ci regorge d’écoles d’art… par dizaines, si ce n’est plus ! Si l’on fait preuve d’un peu de discernement, on s’aperçoit vite que la plupart de ces lieux n’ont rien de commun avec des écoles : vous chercheriez en vain l’horaire des cours, il n’y a ici ni élèves ni maîtres. Il s’agit en fait d’ateliers-boutiques.

La plupart sont tenus par des « réplicants », artisans tout à fait valables d’après ce que j’ai pu observer, mais rares sont les artistes, les créateurs. Ainsi, bien que je ne doute pas (peut-être suis-je naïf) que toutes ces peintures soient créées ici même et non dans des usines, je regrette de voir sans cesse les mêmes modèles reproduits de boutique en boutique, identiques les uns aux autres à un poil de chameau près.

Aujourd’hui je me suis laissé entraîner à l’intérieur d’un de ces ateliers, Discover Art (rien que ça ! Oubliez ce que vous avez vu au Louvre ou ailleurs, puisqu’on vous dit que c’est ici que vous découvrirez l’art, le vrai.) Le propriétaire des lieux, un certain Madansingh m’a montré ses productions et expliqué quelques-uns des fondamentaux de son métier. C’est bien sûr son travail qui orne cet article.

Madansingh peint sur papier mais aussi et surtout sur de la soie. Un autre support assez fréquemment utilisé est l’os de chameau (enfin, de dromadaire à mon avis) ; les œuvres ainsi créées offrent au regard de belles couleurs lorsqu’une lumière est placée derrière elles, d’où le fait qu’on les installe généralement sur des rebords de fenêtres ou qu’on les monte en lampes. Généralement, une petite frise ajourée, dentelle directement taillée dans l’os, encadre la peinture.

En ce qui concerne le matériel de peinture lui-même, il se constitue principalement de pinceaux faits en cils/sourcils de chameau pour les plus grossiers, et en poils de chipmonk - ou tamia en bon français, ce petit écureuil au dos rayé dont je vous ai déjà montré des photos – pour les plus fins. La peinture est principalement minérale et préparée sur place, soit en réduisant la pierre en poudre, soit en la mouillant et en la frottant à une pierre plus dure pour en faire sortir un « jus » de couleur. La palette ainsi obtenue se compose de six couleurs de base (le bleu et le vert étant des pierres importées car introuvables en Inde), auxquelles viennent parfois s’ajouter quelques peintures chimiques… ne m’en demandez pas plus ! Enfin, l’or (en feuilles) et l’argent rehaussent bien souvent certains éléments du tableau.

D’après Madansingh toujours, l’avantage des matériaux utilisés réside dans leur longévité : ses tableaux ne perdraient jamais en éclat, quand bien même vous les exposeriez à de vives lumières, ni ne risqueraient de s’effacer sous le frottement tant ils sont résistants. Pour l’instant, je propose qu’on le croie sur parole !