Le touriste moyen au Myanmar fait bien souvent le trek de Kalaw à Inle, comme il "fait" Yangon, Bagan ou le Rocher d'Or. J'ai la chance de pouvoir dire que j'ai "vécu" ce trek, qui m'a empli de belles sensations et restera comme un de mes plus agréables souvenirs de Nouvel An.

Finir 2019 et commencer 2020 en partant à la découverte de la jungle birmane, puis des rizières en espalier, des champs de moutarde, de thé, de piments, et des gens qui vivent "à l'année longue" dans cet environnement, voilà à mon goût un programme aussi original que satisfaisant ! Il faut dire que presque tout aura été parfait pendant ces trois jours de trek : une guide enjouée, une bonne alchimie dans le groupe, une météo plutôt clémente, des repas copieux... Même la douche à l'eau de source gelée restera un bon souvenir, et pourtant... difficile de ne pas lâcher des "ouh ! ah ! oh, putain !" et autres "waaaaah ! ça pèle !" depuis les cabines ouvertes à tous les vents.

Nous avons couvert une petite vingtaine de kilomètres par jour en moyenne, principalement sur des sentes et des chemins tranquilles qui relient les différents villages disséminés dans la montagne et desservent les plantations. Une partie de notre itinéraire incluait aussi... une voie ferrée en usage ! Certes, il ne passe que quatre trains par jour, ils sont extrêmement lents et nous ne sommes restés sur les voies qu'une heure ou deux, mais il est comique d'imaginer le traitement que réserverait l'administration française à de telles pratiques ! Voici d'ailleurs le train que nous avons eu l'obligeance de laisser passer le temps d'un thé à la gare :

Comme souvent en Asie, les voyageurs ont le temps, à chaque arrêt, d'acheter rafraîchissements mais aussi fruits, légumes, voire fleurs sans même descendre du train.

Les montagnes entre Kalaw et le lac Inle sont peuplées de différentes tribus, notamment Palaung, Pa-o et Danu, qui perpétuent des traditions, des savoir-faire, des modes de vie relativement peu altérés par l'uniformisation mondiale. Ici, pas de mise en scène pour les touristes, mais pas d'isolement non plus ; certains locaux profitent de la présence des trekkeurs pour ouvrir un petit restaurant ou louer une pièce comme gîte d'étape pour les groupes, mais c'est aux visiteurs de s'adapter aux conditions de vie du village, pas l'inverse. De même, on trouve généralement une sorte d'épicerie dans chaque hameau, mais aucune boutique-vitrine faussement "couleur locale". Les habitants, depuis leurs maisons, leurs cours ou leurs champs, répondent encore avec sourire et bienveillance aux Mingalarbar ! (bonjour) des touristes et aux bavardages des guides.

Je n'ai pas vu la moindre mendicité non plus. Bref, tout paraît aller pour le mieux : espérons que la massification du tourisme, assez probable pour les années à venir, sera accompagnée des mesures nécessaires à la sauvegarde de cet équilibre... équilibre déjà plus que menacé sur le lac Inle lui-même, puisqu'on peut y voir des "femmes girafes" posées sur une chaise toute la journée comme dans un cabinet de curiosités, pour le plaisir de certains touristes peu scrupuleux, ravis de pouvoir les prendre en photo avant d'acheter une babiole fabriquée en usine.

Fatigués par notre plus grosse journée de marche, le 31, nous avons décidé de fêter le Nouvel An... néozélandais (à 17h30), puis australien (à 19h30), histoire d'être sûrs de tenir jusque-là ! Finalement, après un bon repas, un peu de rhum-Coca et de musique improvisée, nous avons rejoint nos (très minces) couches vers 22h30 je crois... Pas si mal   Je vous laisse avec une dernière photo panoramique de la terre rouge feu que nous avons foulée le dernier jour, et vous invite à visiter la modeste galerie consacrée à ce trek, où vous me verrez notamment peinturluré de thanaka !