• Premier gros coup de mou

    Je savais que ça arriverait au cours du voyage, je ne m'attendais pas à ce que ce soit si précoce...

    Malgré quelques rencontres sympathiques, malgré le dépaysement tant souhaité et malgré quelques jolis sites visités, je lutte depuis le tout début de ce voyage. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas l'omniprésente misère en Inde qui rend le voyage difficile. Bizarrement, ça ne m'affecte pas outre-mesure. Non, j'ai du mal avec le bruit et la pollution, omniprésents, avec l'absence de nature (peu de parcs, d'arbres ; villes tentaculaires), avec le peu d'aménité de la plupart des gens à qui j'ai affaire (hôtels, commerces), et avec l'incroyable lourdeur des procédures de ce pays. Croyez-moi, notre paperasserie française, pourtant réputée lourde, à juste titre, n'est rien comparée aux bâtons qu'on vous met dans les roues ici quand vous êtes étranger. 

    Le pompon, hier. Une heure vingt à la gare ferroviaire à faire la queue, être renvoyé vers un autre guichet, refaire la queue, nouveau guichet, nouvelle queue, tout ça pour s'entendre dire qu'il n'y a plus de place pour les étrangers (à cause des quotas par train) pour Bhopal avant le 14 décembre ! Réservation d'hôtel faite une heure avant, perdue et non remboursable. Le bus ? hors de prix sur ce trajet. L'avion idem. Un train pour une tout autre direction, Udaipur ? Pas de place. Je vais essayer d'aller à Patan puis Mount Abu pour rejoindre Udaipur, mais impossible de savoir si je trouverai des bus de ville en ville. L'application Redbus, qui recense les bus indiens ? Installée, mais n'accepte ni ma Visa ni ma Mastercard, impossible d'obtenir une réponse au "pourquoi ?". Les agences de voyage locales me disent toutes d'aller à la gare routière, mais les gares routières me disent de commander en ligne ou via une agence…

    Les tuk-tuks, ces jours-ci, ont quasiment systématiquement refusé de m'embarquer : ils ne connaissaient pas les zones où je voulais aller et avaient la flemme de taper l'adresse sur leur téléphone ou, parfois, ça les ennuyait visiblement de devoir se retrouver un peu loin du centre, où il font la plus grosse partie de leur chiffre sans doute.

    Le forfait Free, souscrit exprès pour l'Inde, censée être prise en charge, ne fonctionne plus depuis que j'ai quitté Mumbai. Acheter une carte SIM locale en dehors de l'aéroport m'a pris une journée complète à Aurangabad, car il fallait que l'auberge de jeunesse rédige un courrier comme quoi je logeais chez eux, et ils n'ont pas voulu. A ce jour, j'ai une carte SIM indienne, j'ai prépayé un forfait, mais je n'ai toujours pas accès à Internet. Donc impossible de me déplacer avec Google Maps ou autre. Je n'ai accès au web, à WhatsApp et tout le reste qu'avec le wifi de l'hôtel. Bref, tout est compliqué, c'est l'exact opposé de la liberté que je suis venu chercher.

    La plupart des logements disponibles sur les sites de réservation (Booking.com notamment) appartiennent à des chaînes (Oyo étant la plus fréquente) qui n'acceptent pas les ressortissants internationaux… Non seulement cela restreint le choix, mais en plus ça rend les offres difficilement lisibles : il faut cliquer sur chaque hébergement pour vérifier dans les conditions particulières s'il vous accepte ou non, et c'est plus souvent non que oui.

    Pour finir mes jérémiades, ajoutons une fièvre carabinée hier qui me faisait grelotter comme un fou malgré les 26-27 degrés de ma chambre, et les joyeusetés intestinales qui durent depuis plus de quinze jours. Je suis épuisé et vidé dans tous les sens du terme, et je m'inquiète de ce que pourrait être le voyage dans d'autres pays moins touristiques, notamment la Birmanie, censée être ma prochaine destination. Remarquez bien qu'en termes de quantité de personnes parlant anglais, je ne suis pas sûr que ce sera bien pire qu'ici ! Tous les Indiens sont supposés connaître un peu cette langue, mais dans les faits seules les personnes ayant suivi un cursus scolaire un peu long (ainsi que la toute nouvelle génération d'écoliers) la maîtrisent. Donc les tuk-tuks, les vendeurs de rue, les guichetiers bus/train et même une partie des hôteliers ne font que baragouiner au mieux une vingtaine de mots : grosse surprise pour moi qui m'attendais à être à l'aise linguistiquement dans ce premier pays du voyage.

    J'imagine que je ne dois pas prendre de décision à la hâte, mais il semble aujourd'hui probable que mon voyage s'arrête prématurément, ou change drastiquement de direction. Peut-être si je trouve de nouveau, dans les grandes villes, des auberges de jeunesse, aurai-je l'occasion de partager encore quelques moments de convivialité avec d'autres touristes, indiens ou étrangers, ce qui redonnerait du sens à ce que je fais ici. Mais pour le moment, à part à Aurangabad, je ne trouve que des hôtels, ce qui ne permet pas les rencontres. Je ne cache pas qu'un retour en France au bout de quelques semaines serait dur à avaler…

    J'ai hésité avant de partager cet article, sachant que certains d'entre vous ne manqueront pas de s'alarmer - même si ça ne le mérite pas encore à ce stade. Néanmoins, ces doutes et déconvenues font eux aussi partie du voyage.

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  • Commentaires

    1
    Guillaume
    Lundi 28 Octobre 2019 à 21:11

    Courage, c'est normal que venant de France la découverte de l'Inde soit un vrai choc. Moi je pourrais pas, ne serait-ce que la foule. Et déjà qu'à Paris je respire mal, j'imagine ici... vu les photos on est dans une autre catégorie dans les villes indiennes. Là c'est la vraie aventure, sans toute la sécurité et le confort dont on a l'habitude en Europe. J'espère que le moral va remonter, et que tu vas récupérer rapidement de ta poussée de fièvre. Des bises et on t'envoie un peu d'air pur de la montagne pour te requinquer !

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